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Canicule et conditions de travail : 4 idées clés

Canicule et conditions de travail : 4 idées clés

La fréquence des vagues de chaleur extrême nécessite d’adapter la prévention et les façons de travailler. 4 idées clés pour comprendre les enjeux et identifier des pistes d’action en cas d'augmentation des températures et dans la durée.

1. Les risques professionnels vont augmenter

Le rapport de l'Anses « Effets du changement climatique en milieu de travail » (2018), souligne que la majorité des risques professionnels augmente avec le changement climatique. Si certains risques physiques liés aux fortes chaleurs ainsi que des situations de travail à risque (par exemple, porter des charges lourdes ou travailler en extérieur) sont déjà repérés  par nombre de d'entreprises,  d'autres risques méritent d'être identifiés et pris en compte.

C’est le cas :

  • des risques chimiques, d'incendie, d'explosion qui augmentent avec l’élévation des températures ;
  • des risques biologiques liés, par exemple, au développement d’organismes pathogènes ;
  • des risques d’accidents du fait de la baisse de la vigilance, de la concentration, de la capacité de traitement de l’information, etc. ;
  • des risques psychosociaux liés à la difficulté de travailler, de s’organiser et de coopérer par fortes chaleurs et des tensions qui peuvent en résulter avec les collègues, les clients ou les usagers. Ces difficultés peuvent être exacerbées par un absentéisme plus marqué et par les difficultés de chacun à récupérer de la fatigue.

Piste pour l’action

Repérer avec les travailleurs concernés les différents risques liés au travail par fortes chaleurs en s’appuyant sur les situations de travail réelles afin de les intégrer dans le document unique. Cette phase de repérage est une étape de travail nécessaire, à la fois pédagogique et mobilisatrice, pour la direction comme pour les salariés.

2. Les personnes au travail ne sont pas affectées de la même façon par les vagues de chaleurs

Les effets des canicules sur les personnes diffèrent selon :

  • la nature de leurs activités et les conditions dans lesquelles elles sont réalisées,
  • la localisation géographique, l’espace où le travail s’effectue,
  • le temps, les horaires de travail,
  • les équipements utilisés et l’organisation du travail.

Ils diffèrent également en fonction de l’état de santé des personnes et de leurs conditions de vie - notamment la qualité de l'habitat, comme le souligne France Stratégie

Piste pour l’action

Les manageurs, les fonctions RH ou prévention doivent pouvoir tenir compte des spécificités des situations d’exposition ainsi que des réalités individuelles et de leurs implications dans le fonctionnement collectif. Chaque fois que possible, il convient d’adapter les objectifs et modalités de travail aux contextes et caractéristiques des personnes.

3. Les mesures d’adaptation aux situations de crise doivent être complétées par des mesures d’anticipation et d’atténuation

Donner à boire régulièrement, travailler dans des espaces suffisamment frais et ventilés lorsque c’est possible, augmenter la fréquence et la durée des pauses... sont des mesures nécessaires en période de canicule. Pour faire face à l’augmentation des épisodes de chaleur, elles sont à compléter par des actions portant sur :

  • les infrastructures techniques : bâtiments et équipements ;
  • l'organisation du travail : ouvrir la possibilité de décaler les horaires, réduire la charge de travail, éviter le travail isolé, reporter les travaux en extérieur, aménager le télétravail

Ces nouvelles mesures peuvent, à leur tour, générer des difficultés et des risques qu’il faudra également anticiper et prévenir.

En complément de ces mesures d’adaptation au dérèglement climatique, et dans une logique de prévention « en amont », il est nécessaire d’identifier les mesures qui permettent d’atténuer les effets des activités de l’entreprise sur les émissions de gaz à effets de serre – ces dernières contribuant à l’augmentation des vagues de chaleur.

Pistes pour l’action

Faire un retour d'expérience des récentes canicules pour améliorer les mesures de prévention ainsi que le fonctionnement des organisations en mode dégradé.

Prendre le temps de travailler collectivement sur l’évolution de la production, des modalités de travail et du système productif  afin de les rendre compatibles avec les objectifs fixés au États par l’accord de Paris. Soit au global une réduction des émissions de gaz à effet de serre de 4,7% par an sur la période 2022-2030 selon le Haut Conseil pour le Climat.

4. Le dialogue social et le dialogue professionnel sont insuffisamment utilisés pour réguler les transformations du travail

Une consultation de l'Anact de juin 2023 montre que le changement climatique est devenu un sujet de discussion au travail mais constitue encore trop rarement un objet de dialogue social à l’échelle de l’entreprise ou de dialogue professionnel à l’échelle des services. Le repérage des risques, l’identification des mesures de prévention et de leurs effets, les évolutions du travail et du système de production nécessitent pourtant d’être pensés et mis en discussion en s’appuyant sur l’expertise des salariés - en cohérence avec la recommandation du Conseil Economique Social et Environnemental d’instaurer un dixième principe général de prévention : le devoir d’écoute des salariés.

Piste pour l’action

S’appuyer sur l’Accord national interprofessionnel relatif à la transition écologique et au dialogue social pour négocier les conditions de continuité de l’activité en cas de chaleurs extrêmes - en l’absence de seuils de températures fixés par la loi et dans l’attente de mesures réglementaires. L’accord est également un point d’appui pour prendre en compte les risques environnementaux dans le dialogue social.

Pour en savoir plus

L’INRS estime qu’au-delà de 30 °C pour une activité de bureau et de 28°C pour un travail physique, la chaleur peut constituer un risque pour la santé des salariés.

Lire l'article de l'INRS

 

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