Températures extrêmes : le projet de la communauté d'agglomération de la Rochelle
Alors que la France connaît la 3eme vague de canicule de l’été 2023, comment prévenir les risques professionnels ? Quels impacts à moyen et long terme des températures extrêmes sur les organisations de travail ?
Actualité - Publié le 26 septembre 2023 - Modifié le 01 juillet 2024
Votre projet vise à prévenir les risques liés au travail lors de températures extrêmes (ambiance thermique chaude ou froide) et la manière d’y répondre en associant les salariés. Qu’est-ce qui a incité les décideurs de l’agglomération à lancer ce chantier ?
Après l’été 2022 particulièrement chaud, les représentants du personnel ont fait une alerte en CHSCT. Jusqu’alors les difficultés de travail des agents liées aux fortes chaleurs, aux intempéries (inondations, tempêtes sur le littoral) ou au froid (vagues de verglas) étaient traitées au cas par cas lorsque survenaient ces événements. Les représentants du personnel étaient demandeurs d’actions plus collectives et mieux anticipées. L’appel à manifestation d’intérêt « Ecologie et Travail » de l’Anact a été l’occasion de saisir pleinement le sujet. L’augmentation du coût de l’énergie à l’hiver 2022-2023 a fini de convaincre les décideurs et les élus qu’il fallait prévenir les risques, adapter l’organisation du travail et agir en soutien des travailleurs.
Comment vous y êtes-vous pris ?
Après l’été 2022, nous avons diffusé un questionnaire auprès des services pour évaluer les impacts du travail par températures extrêmes, identifier les populations les plus touchées (espaces verts, police municipale, crèche, etc.), et commencer à repérer les solutions mises en place. Les résultats nous ont permis de structurer la démarche autour de 4 axes :
- assurer de bonnes conditions de travail pour les agents
- assurer de bonnes conditions d’accueil pour les publics
- adapter l’organisation du travail
- adapter les bâtiments
Au sein des services les plus touchés, des groupes de travail réunissant les encadrants, les agents et un représentant du personnel ont été mis en place pour discuter des conditions de travail et des améliorations à apporter. Elles sont variées : demandes d’équipements rafraîchissants (EPI), acquisition de thermomètres, autorisation du port du bermuda, modification des horaires de travail, changement de bureau (open flex), autorisation de sortie du cadre légal de 2 jours de télétravail... Les propositions ont été remontées à un comité de pilotage paritaire, débattues puis validées.
Avez-vous ainsi pu mieux préparer l’été 2023 ?
En effet. Avant l’été, nous avons renvoyé une note aux agents pour les sensibiliser aux effets des fortes chaleurs et présenter les leviers à actionner. Certaines mesures conviennent aux uns, mais pas aux autres. Par exemple, des parents nous indiquent qu’ils ne peuvent pas avancer leurs horaires de travail dans la journée à cause des horaires d’ouverture des crèches.
L’axe le plus compliqué concerne l’adaptation des bâtiments. Le changement des fenêtres, l’ajout de volets, l’isolation engagent des frais très importants, et la plupart des bâtiments sont anciens, parfois classés. Or des questions urgentes se posent concernant l’accueil des public, par exemple dans les crèches, les médiathèques, ou les musées, où l’affluence peut augmenter en cas de fortes chaleurs.
Il faut aussi parfois expliquer aux concitoyens les mesures mises en place, comme la fermeture des déchetteries l’après-midi, pendant les canicules quand l’affluence est très faible et l’exposition des agents, elle, très forte.
En tant que chargée de prévention, s’agit-il de sujets que vous aviez l’habitude de traiter ?
Nous étions déjà sensibilisés à ces risques – tempête, inondation, canicule -, mais trop peu de liens étaient faits avec les conditions de travail. Ces risques encore émergents ne sont ni évalués, ni prévenus. Ils ne sont pas présents dans le DUERP (Document unique d'évaluation des risques professionnels), mais il faut aujourd’hui les y introduire.
Le projet va se poursuivre jusqu’en septembre 2024, apportant d’autres pistes et d’autres connaissances : nous avons lancé en parallèle un observatoire, afin de mieux comprendre les liens entre accidentologie, absentéisme, arrêts maladie et températures extrêmes. Cela nous permettra de prévoir à la fin du projet, une mise à jour « éclairée et éprouvée » du DUERP.
Quels conseils donneriez-vous pour mieux prendre en compte les risques liés aux températeurs extrêmes ?
D’abord partir de l’activité et écouter les agents exposés aux contraintes pour comprendre leur problématique et trouver des solutions avec eux. Il est important d’associer tout le monde aux décisions. Le DUERP, quand il est bien fait, est un magnifique outil de travail pour sensibiliser et pour prévenir. C’est un outil pivot, pour les formations, pour les équipements etc.