Passage, entreprises en transitions
Réalisations et projets - Publié le 18 juin 2024 - Modifié le 27 juin 2024
Passage, un espace ressource
Les entreprises sont actuellement traversées par de nouvelles problématiques qui inter-relient les sujets d’environnement, de santé et de travail de manière plus large qu’auparavant. Elles dépassent le strict champ du travail (dans le sens activité de travail, tâche à réaliser).
De 2019 à 2022 l'Aract Auvergne-Rhône-Alpes a lancé plusieurs études et projets sur ces questions avec le projet Passage, entreprises en transitions pour explorer les liens entre écologie et travail.
Ce projet est devenu un espace de ressources et d'échanges pour soutenir dans la durée les entreprises engagées sur le chemin des transitions.
L'objectif
Soutenir dans la durée les entreprises en proposant un espace d’échanges : les actions témoignées, les connaissances partagées, la réinterrogation de la place de chacun (acteurs de l’entreprise, experts, marchés clients, fournisseurs et environnement).
L'Aract Auvergne-Rhône-Alpes a recueilli les témoignages de plusieurs entreprises qui cherchent à articuler dans leur organisation et prise de décisions, les enjeux environnementaux et de Qualité de Vie au Travail. D'autres ressources sont venues compléter : interviews des acteurs de l'entreprise et des partenaires sociaux, éclairages d'experts...
Tout un panel de ressources à découvrir ci-dessous.
Articles
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Amies depuis 10 ans, Ludivine & Mathilde ont voulu créer un lieu qui leur ressemblait. En 2018, naissait Équilibres Café, dans le premier arrondissement de Lyon. Un espace pas comme les autres où engagements sociaux et environnementaux s’entremêlent et dessinent le visage de l’entreprise de demain, plus éthique, plus solidaire, plus responsable. Dans le cadre du projet partenarial « Passage, entreprises en transition » - qui explore les liens entre écologie et travail, nous avons recueilli le témoignage de Mathilde. |
Équilibres Café est un établissement que nous avons ouvert il y a un peu plus de 2 ans maintenant.
Notre ambition à l’origine était de créer une entreprise qui soit à impact positif. Il y avait cette idée globale de se dire que la finalité d’une entreprise n’est pas forcément la recherche du profit. Nous voulions ouvrir un lieu où les gens soient contents d’aller, se sentent bien accueillis, se sentent bien tout court, un peu comme chez eux. D’où l’idée d’un café… et nous avons choisi de travailler autour du principe de solidarité, qui était au centre de nos valeurs.
Nous avons voulu recréer de la mixité et du lien de proximité au sein du quartier en passant par le concept de l’euro solidaire. Nous proposons à tous les clients qui le souhaitent d’ajouter un euro à leur consommation et dès que l’on obtient 10 euros de dons, nous ajoutons deux euros pour créer un « repas solidaire », une invitation à déjeuner au café destinée à quelqu’un qui n’a pas forcément les moyens d’aller au restaurant.
En revanche, nous nous sommes très vite rendues compte que même si les clients donnaient facilement, il serait difficile ensuite de redistribuer les repas car les personnes défavorisées n’osent pas forcément venir profiter de ce type de don. C’est pourquoi nous avons co-créé le concept et noué des partenariats avec des associations lyonnaises. L’idée étant que leurs bénéficiaires se sentent bien accueillis chez nous, comme n’importe quel autre client qui payerait son repas…
C’est bien cela qui est au cœur de notre idée de départ, ce lien social au sein du café. Après, d’autres activités se sont mises en place autour : nous proposons une salle de réunion, des ateliers avec des partenaires (yoga, cuisine éco-responsable…) en favorisant la mixité et la sensibilisation pour le plus grand nombre, avec des cours de cuisine anti-gaspi, des projections de documentaires, des vides-dressings pour limiter la surconsommation etc.
Nous voulons créer tout un écosystème autour de cette dynamique de partage et pas simplement un accès au restaurant pour des personnes en difficulté qui viendraient juste y manger une fois par an. Là, ils sont les bienvenus toute l’année pour différentes activités.
Nous voulons favoriser encore plus la mixité, avec une programmation plus dense, être davantage un écosystème, faire émerger de nouvelles initiatives. Pour le moment nous accueillons des événements de sensibilisation qui favorisent la rencontre, mais nous n’avons pas beaucoup de temps pour en créer.
Au-delà, nous avons également un projet en cours autour de la création d’un module de formation pour celles et ceux qui voudraient lancer - comme nous - un lieu éthique.
Oui, nous nous sommes rendu compte que quelque chose que nous faisions initialement naïvement, était en fait assez engagé car nous cuisinons tout 100% maison, alors qu’en réalité, malgré ce que l’on pourrait imaginer, ce n’est vraiment pas la norme dans le milieu (rire).
Nous n’avons pas un parcours traditionnel de restauration, nous ne connaissions pas les pratiques habituelles et finalement on se retrouve à rebours de ce qui se fait dans certains établissements : beaucoup de déchets, de choses pré-préparées, des grosses quantités, des aliments surgelés, des façons de cuisiner où tout ce qui ne sera pas consommé sera jeté.
Nous, dès le départ, nous avons eu l’ambition de nous entourer de producteurs éthiques, locaux quand c’est possible. Nous fonctionnons avec des produits locaux, bio ou raisonné et avec des fournisseurs engagés. Par ailleurs, le zéro déchet qui n’était pas vraiment un sujet pour nous à l’origine est devenu au centre de nos manières de faire et nous avons décidé d’aller plus loin dans cette démarche avec l’achat de nos produits en vrac, et aussi la mise en place d’une collecte de compost.
Nous commençons également à travailler autour de la cuisine végane, même si nous n’utilisons déjà que très peu de viande, nous sommes intéressées d’aller au-delà avec des alternatives végétales qui vont vraiment dans le sens de la réduction de l’empreinte environnementale et aussi du bien-être animal.
Nous n’y sommes pas encore mais à terme, l’idée serait de proposer en plus d’une majorité de plats végétariens, des options véganes.
C’est vrai qu’étant donné que c’est notre cœur d’activité, nous nous sommes d’abord centrées là-dessus mais nous avons aussi des engagements annexes : des produits d’entretien qui sont respectueux de l’environnement, des boîtes plutôt que du film plastique pour conserver les aliments… et tout ce qui est matériel : en rachetant le commerce, nous avons recyclé le mobilier par exemple. Globalement, on essaie de toujours réutiliser !
Nous avons aussi réalisé un diagnostic énergétique : il faudrait remplacer les lampes, les terminaux de chauffages… cela demande des investissements, donc tout n’est pas encore « parfait » mais nous n’avons de cesse d’essayer de rendre l’espace le plus écologique possible.
C’est compliqué, car pour expliquer tout cela, c’est souvent un long discours... Si nous ne faisions que du bio par exemple, ce serait simple, et le message passerait.
Sauf que là nous sommes souvent confrontées à la question de notre carte très réduite. Parfois, tous les produits ne sont plus disponibles car on ne pas veut gaspiller et que l’on travaille sur des quantités « raisonnables ». Alors il faut faire de la pédagogie et de la sensibilisation pour que les clients comprennent.
Notre objectif, n’est pas non plus d’avoir un lieu hyper engagé qui n’attire que des gens hyper engagés parce que nous ne croyons pas que c’est ainsi que l’on peut changer les choses.
Nous voulons proposer un un lieu sympathique qui attire des gens des tous profils et milieux sociaux et leur expliquer au fur et à mesure nos engagements.
Cela se ressent aussi dans les prix que nous pratiquons, car nous payons nos matières premières trois fois plus cher que nos concurrents – tout en ayant à peu près les mêmes prix de vente. Si cela fonctionne, c’est en réalité parce que l’on ne jette rien grâce à des préparations minute et des recettes zéro déchet. C’est important pour nous que les produits bio, éthiques, soient accessibles au plus grand nombre. La mixité passe aussi par-là !
Alors il est vrai qu’au début, nos clients étaient tous des gens engagés parce qu’on en avait rencontré beaucoup pour la création du projet. C’est cette population là qui nous a permis de tenir au début.
Mais désormais, avec le bouche-à-oreille nous nous rendons compte que nous brassons une population beaucoup plus large, au-delà des seules personnes engagées éthiquement qui sont des habituées de ce genre de lieu.
Notamment pour les brunchs que nous proposons et qui attirent désormais les familles, des personnes âgées etc. Ils sont quand même globalement très réceptifs, même si à l’origine ils n’étaient pas forcément venus pour cette raison. Alors cela nous permet de discuter avec eux, et on avance ensemble !
En revanche, il est vrai que pour les personnes défavorisées, forcément, c’est plus compliqué d’élargir au-delà des invitations à déjeuner dont ils bénéficient via les associations.
Pour moi le bien-être au travail c’est de me sentir bien avec les gens avec qui je collabore, et d’avoir l’impression que le travail que je fais est important, c’est à dire concret et utile. C’est ma vision personnelle... et la raison pour laquelle j’ai quitté ma vie d’avant pour ma vie d’aujourd’hui.
Après, c’est sûr qu’au café, on ne se traite pas aussi bien que l’on traite nos employés (rire). Étant donné que c’est notre projet et que nous voulons le voir réussir, nous ne sommes pas toujours très tendres avec nous-même, on a un rythme que je n’imposerais pas à quelqu’un d’autre. Nous subissons les conditions de travail difficiles de la restauration : on travaille beaucoup, on est debout, on court partout, donc ce n’est vraiment pas idéal du point de vue de la santé physique mais aussi en termes de stress et de pression. Il y a le rush, beaucoup d’attente, et il faut être toujours prêtes. De plus, notre espace est complètement ouvert : tout le monde nous voit tout le temps, donc il faut être toujours souriante, répondre, parler… On n’a pas de vraie pause en fait, même pour manger, pas d’horaires fixes où l’on s’arrête vraiment.
C’est quand nous avons pu embaucher que nous nous sommes rendues compte de cela. Nous nous sommes dit : « hors de question que les personnes qui travaillent pour nous vivent cette situation-là ». De fait, vu qu’on ne pouvait proposer que des contrats avec peu d’heures par semaine c’était plus simple, mais c’est sûr que l’on essaye toujours d’aménager le travail pour qu’il ne soit pas trop fatiguant pour nos salariés.
Quand on s’est rendu compte qu’à trois on faisait à peu près le même travail qu’à deux…on s’est dit que oui, nous vivions bien des conditions difficiles à l’origine. Et quand nous pourrons réembaucher, pour nous, ce sera plus confortable. De plus en renforçant l’équipe, c’est plus agréable, il y a plus de points de vue, d’idées, et puis cela nous permet plus de flexibilité.
Et puis c’est vrai que l’on travaille tous les week-ends, donc pour avoir une vie sociale, ça n’est pas toujours évident. Donc l’idée est d’être plusieurs pour pouvoir alterner et permettre un meilleur équilibre vie privée-vie professionnelle.
Avant le confinement cela marchait bien. Mais avec la crise, nous n’avons pas prévu de réembaucher tout de suite. Donc désormais l’idée ce serait d’embaucher quelqu’un plus longtemps pendant la semaine pour avoir des jours où l’on puisse reposer. Peut-être prendre quelqu’un en alternance à la rentrée de septembre. On s’est projeté avant le confinement, mais là, on ne sait tellement pas comment ça va se passer et nous sommes un peu reparties en arrière…
L’idée c’est de ne pas déléguer tout le travail physique mais de retrouver une sorte de polyvalence.
Aujourd’hui on passe 100% de notre temps en cuisine. Il serait difficile d’en sortir complètement, car c’est nous qui sommes à l’origine des recettes, garantes du respect de nos principes zéro gaspi, zéro déchet etc. Donc il faudrait que l’on ait chacune des jours en cuisine, pas forcément ensemble, avec quelqu’un d’autre, et le reste du temps pouvoir travailler sur le développement de l’activité au sein du café.
Je me suis rendue compte que c’était compliqué d’avoir un modèle et d’essayer de le changer ; et qu’il était beaucoup plus simple de partir de zéro. Dans les grosses structures, il faut que beaucoup de gens soient moteurs… car changer une habitude cela prend du temps. Ce type d’entreprise a bien souvent une longue histoire qui les guide, les oriente, et parfois les empêche.
C’est pour cela qu’au café, nous avons pris le parti de se dire directement qu’il fallait y aller à fond, qu’on avait une idée, et que même si elle était un peu folle, il fallait essayer et qu’on verrait bien ensuite…. Vu que nous sommes une toute petite entreprise, nous sommes hyper flexibles et nous pouvons changer de direction assez facilement.
Avant, en tant que consultante, je trouvais cela frustrant de proposer des orientations et de ne pas avoir la main sur les résultats que cela pouvait produire. J’avais besoin de faire quelque chose que je pouvais maîtriser, dont je puisse avoir le contrôle. Et là, même si nous sommes deux, nous sommes en phase.
Je dirais de choisir les bons partenaires. Aujourd’hui, je n’ai pas le sentiment d’avoir des clients ou des fournisseurs… mais bien des partenaires. C’est tellement agréable de travailler avec des gens en qui on a confiance, avec qui on peut échanger sur plein d’autres sujets que celui qui nous lie initialement. Quand on voit tout le travail qu’ils font, le cœur qu’ils y mettent, déjà cela rend fières, on peut communiquer autour de nos engagements respectifs et par conséquent, l’on s’enrichit mutuellement. C’est un cercle vertueux.
Interview réalisé le 29 mai 2020, par Béatrice Baudo, chargée de mission à l’Aract Auvergne-Rhône-Alpes dans le cadre des partenariats noués pour le projet « Passages - entreprises en transitions »
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Rexia est une société d'ingénierie et de conseil, spécialisée dans le service aux entreprises industrielles. Créée en 2012 par 7 anciens consultants, elle compte aujourd’hui 40 salariés. Reconnue pour les démarches de Qualité de Vie au travail (QVT) qu’elle met en œuvre depuis plusieurs années, Rexia a notamment été nommée aux Trophées du Comptoir MM (Malakoff Médéric) de la nouvelle entreprise dans la catégorie Qualité de Vie au Travail en 2018 et a reçu le titre d’entreprise bienveillante du territoire Sud-Est aux Trophées PME RMC en 2017 Aujourd’hui, l’entreprise a choisi de faire un nouveau pas et de s’interroger davantage sur son impact environnemental. |
Dans le cadre du projet partenarial « Passage, entreprises en transition » - qui explore les liens entre écologie et travail, nous avons recueilli le témoignage d'Eric Jabret, associé fondateur et directeur des ressources humaines.
L’offre de Rexia est structurée en 3 axes :
- Rexia consultants : avec des ingénieurs qui s'intègrent dans des projets chez le client. Les projets vont de 3 mois minimum jusqu'à plusieurs années. Selon la teneur du projet et les compétences déjà présentes en interne, nous « affectons » l’un de nos consultants ou nous recrutons pour satisfaire le besoin de l’entreprise cliente.
Dans ce deuxième cas, nous privilégions le CDI, qui représente 95% des contrats de travail de nos effectifs. Les 5% restants sont en CDI de chantier. Le choix entre CDI et CDIC se fait en fonction du marché ou des compétences. Par exemple, nous n'avons pas toujours les moyens d'embaucher en CDI des consultants aux compétences rares mais nous savons que ces personnes n'auront pas de difficulté à trouver un emploi par ailleurs une fois leur mission remplie chez nous.
- Rexia conseil : nous menons également des activités de conseil auprès des entreprises, principalement sous la forme de diagnostics qui peuvent ensuite déboucher sur un accompagnement.
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Rexia formation : nous proposons également à nos clients des formations axées sur du "blending learning". Cela signifie que la partie théorique de la formation se fait d’abord en e-learning et l'autre partie, axée sur l’application pratique, se fait ensuite en présentiel avec des formateurs expérimentés.
Cette offre est assez récente puisque nous l’avons développée il y a 2 ans mais elle tend à être renforcée suite à la crise sanitaire de la Covid-19.
Nous sommes allés vers la QVT déjà pour nous-mêmes. Rexia a été créée par d'anciens consultants et nous avons pensé notre entreprise en miroir de notre vécu de consultants dans des agences plus classiques qui ont, à juste titre, mauvaise réputation auprès des jeunes ingénieurs comme des anciens.
En fondant Rexia, nous avons donc voulu rechercher quelles étaient nos valeurs communes : le respect, le travail en équipe et la satisfaction client.
Nous avons réussi à faire du travail en équipe une réalité, ce qui est rare dans notre secteur ! Notre organisation nous permet d’être en capacité de faire sortir ponctuellement nos consultants de leur mission pour aller aider un collègue en difficulté. La coopération entre nos salariés existe bel et bien.
Pour ce qui est du respect, le secteur de la prestation de service a très mauvaise réputation. On parle même parfois "d'esclavagisme moderne". Nous avons donc décidé d’une politique RH véritablement fondée sur cette notion de respect. Nous apportons beaucoup d'importance à la bienveillance, qui, attention, ne veut pas dire « laisser-faire ». Cela suppose d'avoir des exigences tout en laissant la place au droit à l'erreur et à l'ajustement. Nous avons d’ailleurs été récompensés d’un trophée régional autour de cette notion de bienveillance. En cela, nous nous démarquons véritablement dans notre secteur d’activité.
Enfin, en ce qui concerne la satisfaction clients, nous avons atteint un niveau de qualité de prestation qui est au-dessus de certains de nos concurrents. Mais cela n'a pas forcément d'impact sur notre attractivité auprès des acheteurs qui restent plutôt tournés vers l’aspect volume/prix. Comme notre métier consiste à vendre de la matière grise, nous avons fait le choix d’une capacité de recrutement importante qui nous permette de proposer un plus large choix de consultants disponibles à nos potentiels clients.
Partant de tout cela, nous essayons désormais d’aller un peu plus loin vers la Qualité de Vie au Travail. C'est un facteur de fidélisation de nos salariés mais aussi de facilitation pour le recrutement.
Nous avons je crois, réussi à créer un véritable sentiment d'appartenance à Rexia !
La principale difficulté du travail de consultants, ce sont les déplacements. Nous travaillons essentiellement en périphérie de villes. Parmi les raisons invoquées lorsque les consultants souhaitent quitter leur mission, on retrouve très souvent cette question de la mobilité forcée et des difficultés à maintenir une vie de famille dans ces conditions. Nous essayons donc de faire travailler les gens à proximité de leur métropole de rattachement. C'est le cas pour 90% de nos salariés. Ce n'est pas une promesse et ce n’est bien sûr pas toujours possible mais nous tentons de faire au mieux.
Il est vrai que la situation actuelle ne nous permet plus de maintenir cette politique de façon aussi forte mais nous souhaitons revenir à ce fonctionnement dès que possible. Par ailleurs, nous nous sommes construits sur un modèle de développement local avec des contrats de travail régionaux. Si à l’avenir nous décidons de nous développer au national, nous souhaitons conserver cette politique.
Par ailleurs, nous avons signé la « charte de la diversité » avec le réseau « Entreprises Pour La Cité ». En effet, notre seul critère pour le recrutement, ce sont les compétences. Cela veut parfois dire d’aller contre les freins exprimés par nos clients, par exemple sur l’âge de nos consultants. Cela demande des vérifications permanentes, de s'assurer que cette politique est bien respectée à tous les niveaux chez Rexia, notamment par nos commerciaux en charge de proposer des consultants à nos clients. Par exemple, une salariée qui est enceinte, c'est une bonne nouvelle, pas un problème : nous sommes attentifs à ce que nos manageurs l’entendent comme ça.
Nous avons également un engagement au sein de la « Charte des 1000 » avec d’autres entreprises de la métropole de Lyon qui souhaitent s'impliquer sur le territoire dans une dynamique d'emplois et de développement local. Cela fait aussi partie de notre axe QVT. Nous intervenons par exemple dans des lycées pour faire découvrir nos métiers.
Nous nous différencions aussi avec notre politique de management en clarifiant les rôles de gestionnaires de compte et de manageurs d'équipe. Cela permet aux salariés d'être plus à l'aise quand ils rencontrent des difficultés ou quand il s’agit de faire évoluer leur carrière. Cela permet également de faire monter en compétences des consultants sur l'encadrement d'équipe, ce qui est intéressant pour leur parcours professionnel, comme pour nos clients. Alors bien sur nous pouvons progresser encore car cette politique n’est pas toujours aisée à mener mais nous avançons en confiance, l'essentiel étant d'être entourés de personnes de bonne volonté.
Nous essayons par ailleurs d'agir sur l'employabilité. Par exemple, nous avons fait certifier 2 personnes en PMI (Project Management Institute) sans contrepartie ou engagement particulier vis à vis de l’entreprise ; alors qu’il s’agit tout de même de formations longues et couteuses. Notre volonté c'est que nos salariés restent employables en dehors de Rexia tout en facilitant leur placement chez les clients.
Enfin, la qualité de vie au travail passe aussi par une politique salariale intéressante avec la mise en place d'une participation dès la deuxième année de la création de Rexia.
Alors bien sûr, il nous reste des progrès à faire sur d’autres sujets. Nous nous y attelons progressivement.
Par exemple, la question de la lutte contre le sexisme ordinaire qui a du mal à être comprise par certains. C’est pourquoi nous avons décidé de faire suivre une formation à nos manageurs et employés.
Je pense aussi à la mise en place d’une offre de mécénat d'entreprise pour nos salariés. Elle n'est pas encore effective mais cela fait également partie de nos préoccupations pour l’avenir.
La QVT nous a permis de réfléchir sur tous ces sujets, d'abord en ordre dispersé. Aujourd'hui notre volonté c'est de structurer ces initiatives autour d’une démarche globale.
La question de notre impact environnemental n’est pas un sujet nouveau, c'est sa prise en compte qui est nouvelle.
Ce n'est pas nouveau car certains de nos collaborateurs sont très sensibilisés à la question depuis longtemps, parfois de par leur formation. Il y a chez Rexia à la fois une vision scientifique et une vision politique de la question environnementale.
Jusqu'à présent, nous ne savions pas trop comment progresser sur ce sujet…
Un des facteur principal de pollution dans notre métier de consultant, ce sont les déplacements. Notre politique est de privilégier le train à l'avion pour les déplacements longs mais cela ne représente malheureusement pas la majeure partie de nos déplacements.
Nous avons choisi de prendre à 100% en charge les abonnements en transports en commun pour nos salariés.
Mais tout cela n'est parfois pas suffisant car nos clients sont des industriels et donc largement implantés en périphérie de ville où l’accès en transports en communs est souvent difficile.
Donc à part ces premiers pas, je dois reconnaitre que nous en sommes encore aux aspects périphériques de la question environnementale. Ce qui nous amène à bouger c'est la discussion avec l'Aract au travers du projet Passage… et aussi l'engagement de certains de nos salariés qui se mobilisent dans ce sens, notamment une élue au CSE qui a depuis longtemps, un engagement personnel sur la réduction des déchets.
On voit bien que l'articulation entre QVT et Environnement n'est pas simple mais que les deux vont bien ensemble avec, par exemple, le télétravail qui permet de limiter les déplacements et de mieux concilier vie professionnelle et vie personnelle.
Pour cela il faudrait que nous ayons un discours environnemental plus proactif auprès de nos salariés… mais nous cherchons à développer des projets portant sur ce sujet. Par exemple, nous avons été récemment retenus sur un projet de l'Ademe.
L'ensemble de notre politique sur ces aspects est présenté comme un résultat d'entreprise. Cela développe une certaine fierté au sein de Rexia. D’autant que nous sommes dans une logique d'amélioration continue. On essaye de communiquer… Cela a été compliqué au départ sur la QVT, il a fallu expliciter les choses. Aujourd'hui le CSE veille et questionne la direction à ce propos.
Quant au turn-over, comme vous dites, il fait partie du métier de consultant… mais tout de même, l’on constate que les gens restent plus longtemps chez nous que la moyenne du secteur. En tout cas, les collaborateurs expriment un attachement plus important à l'entreprise, cela a été mesuré par un cabinet extérieur. Du coup nous avons des salariés qui sont là depuis la création de l’entreprise, il y a 7 ans.
Et oui, c’est un argument lors des embauches. Nous incitons les candidats à contacter nos consultants avant d’entrer dans l’entreprise et il est vrai que nous avons un taux de cooptation important. Ce sont vraiment des arguments différenciants. Les candidats sont sensibles à ces aspects, leurs exigences environnementales augmentent et seront surement renforcées par la crise sanitaire actuelle.
Et puis nous avons en tête de rester inclusifs. Tout le monde ne peut pas télétravailler, certains habitent dans des endroits où il n'y a pas de transport en commun, ou à des horaires qui ne correspondent pas à leurs contraintes. Notre réflexion en tant qu'entreprise doit nous permettre de n'oublier personne !
Interview réalisé en juin 2020, par Eliette Darnaud, chargée de mission à l’Aract Auvergne-Rhône-Alpes dans le cadre des partenariats noués pour le projet « Passages - entreprises en transitions »
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Le bureau Uguet, implanté en Savoie et Haute Savoie depuis maintenant 43 ans, est une société de conseil en ingénierie urbaine d’aménagement, transport, voirie et architecture paysagère pour le compte de collectivités territoriales ou de promoteurs immobiliers. |
Le terme "Urbanothérapeute" est une invention personnelle. C'est une façon de se différencier sur le marché.
"Urbano" parce que notre métier se rattache à l'aménagement des villes.
"Thérapeute" parce que j'ai à cœur de prendre soin de mes collaborateurs qui, eux-mêmes, prendront soins de leurs clients.
En effet, je considère que les salariés du Bureau Uguet sont "mes clients", ceux à qui je dois rendre service, pour qu’eux-mêmes rendent service aux clients du Bureau Uguet.
De plus, dans notre métier, on recherche le confort d'usage. Quand on se sent bien quelque part, on ne s'en rend pas forcément compte alors que quand ça ne va pas, là cela nous saute aux yeux.
Pour illustrer notre travail je peux prendre l'exemple d'un malvoyant qui traverse un passage piéton. Généralement, on met un potelet en plein milieu du passage pour éviter que les voitures ne s’y garent.
Or, un malvoyant ne va pas le voir et risque de s’y cogner.
L’idée c’est donc de trouver une solution alternative : en mettre deux en laissant le passage central libre.
On obtient le même résultat pour les voitures en conservant le confort d'utilisation pour tous, y compris les malvoyants.
Nos clients sont des élus, des gens qui sont soucieux de faire les bons choix. Nous les accompagnons dans leur décision, ce qui constitue une dimension humaine forte.
Rassurer, c’est important ! Finalement je définirais notre activité par la phrase suivante : "un maître d'œuvre qui pense la ville pour et par l'Humain, qui accompagne ceux qui font l'espace urbain et garantit le confort d'usage de ce qui le vive".
Je crois beaucoup dans les compétences humaines.
Dans les fondamentaux de l'entreprise libérée, on cherche à tirer le meilleur des collaborateurs pour qu’ils puissent s’épanouir. Quand on fait ça, on s'aperçoit qu'on obtient 15% de productivité de plus.
Lorsque j'ai racheté le bureau de mon père, j'avais en tête un mode de management très tayloriste avec un chef sachant. Mais j’ai très vite changé de paradigme et me suis dit qu’en réalité, c’est peut-être finalement celui qui fait qui est celui qui sait.
Dans cette perspective, on fait confiance aux gens et on peut leur laisser pleinement l’initiative.
C’est ainsi que j’ai imaginé pour mon entreprise, un organigramme qui ressemble à une cellule du vivant : il y a des liaisons entre le noyau et ses autres composants mais il y a aussi des liaisons entre les composants eux-mêmes qui ne passent pas forcément par le noyau. Les collègues s'organisent entre eux en respectant un cadre donné. Cela donne véritablement du sens, du plaisir, de l’engagement au travail.
Comment je sais que ça marche bien ? Il suffit de regarder la facturation et je m'y retrouve (rires).
J'ai mis 4 ans à mettre en place un système où tous puissent se sentir en confiance. C'est un processus long qui nécessite un vrai engagement et de la motivation – autant d’intentions qui ne se décrètent pas, elles doivent donc être réelles et bien ancrées.
L'engagement environnemental est beaucoup plus récent pour mon entreprise. En septembre 2019, nous sommes entrés dans un programme animé par le Centre International de Ressources et d’Innovation pour le Développement Durable (CIRIDD) dénommé « Relief » et qui nous permet de travailler la question de l’économie circulaire dans l’offre que nous proposons.
J’ai également un engagement au sein du Centre des Jeunes Dirigeants (CJD) via le programme « Impact » qui, comme son nom l’indique, initie des réflexions sur la réduction de l'impact des entreprises sur l'environnement.
Quand on construit une maison c'est 300 m3 de terre – soit 30 camions qui circulent pour aller l’évacuer. Comment faire pour limiter l’impact de ce transport de terre ? Quand on installe de la lumière en ville, quel impact sur les animaux ? Voilà le genre de questions que l'on doit se poser dans mon métier.
Il faut réfléchir à un confort pour l'Humain et également pour les animaux et les végétaux. Réfléchir à un compromis, quelque chose de raisonné et de raisonnable. Comment prendre soin de l'environnement en continuant à améliorer notre confort ?
En allant vers de la délégation de compétences dans mon entreprise, vers l'autonomie laissée à mes salariés, cela me laisse du temps pour m'intéresser à d'autres sujets comme celui de l'environnement.
Je suis entré par la porte de la Qualité de Vie au Travail.
En effet, vouloir sans cesse être dans le contrôle comme j’en avais l’habitude, c’est usant. Cela est allé tellement loin que j'ai fait un grave burn-out. Je ne pouvais pas continuer comme ça.
Alors je me suis inscrit au CJD qui m'a aidé à voir qu'il y avait d'autres façons de faire, d'autres manières de manager.
J'ai donc commencé à déléguer des choses, à réfléchir à ce que je voulais faire de mon cabinet. Il m’a fallu comprendre que nous avons tous des forces et des faiblesses et que ces dernières ne sont pas une tare. Au final il s'agit plus d'une transition qu'une bascule car cela m'aura pris 1 an.
En ce qui concerne la question environnementale, j'ai bénéficié d'informations régulières via mon entourage qui est déjà très sensibilisé sur ce sujet.
Et puis je suis allé à une journée d’informations sur le programme « Impact » en janvier 2020 proposée par le CJD – et je dois dire que cela m’a un peu secoué. J'ai eu une grosse prise de conscience sur l’impact que pouvait avoir mon entreprise sur l'environnement.
C’est pourquoi désormais, je cherche à le réduire, tout en ayant conscience qu’en tant que dirigeant, cela va également concerner de près mes salariés.
Nous avons donc commencé à mettre en place quelques actions comme, par exemple : mieux entretenir les voitures pour les garder le plus longtemps possible, la mise en place d'une prime de déplacement en vélo, l’installation de panneaux photovoltaïques sur nos bureaux…
C'est LA question ! J'ai commencé par les choses les plus simples, celles qui pouvaient se mettre en place rapidement.
Aujourd'hui je n'ai pas la réponse. Je sais qu'il faut que je retravaille sur l'offre de mon entreprise pour agir directement sur le cœur de notre activité.
Par ailleurs, j'ai l'impression que la société française est globalement encore en retard sur le sujet… je trouve que beaucoup de personnes sont toujours sur des questions de base comme le tri ou le recyclage alors qu’il conviendrait d’aller beaucoup plus loin.
Dans le livre "Le bug humain" Sébastien Bolher explique que les humains sont mus par 5 choses de base : se reproduire, se nourrir, connaître son environnement, économiser son énergie et se positionner dans la hiérarchie. Peut-être qu’on ne pourra pas changer cette façon de penser mais que l’on peut tout de même changer les paradigmes.
On pourrait imaginer que si diminuer notre impact sur l'environnement nous positionnait mieux dans la hiérarchie alors que cela deviendrait essentiel pour l'humain…
Oui de manière générale même si j’essuie parfois quelques moqueries, et que cet engagement est peut-être un peu perçu comme « une lubie du patron » … Mais je pense qu’ils sont réellement très attentifs à voir ce que cela pourra leur apporter comme satisfaction personnelle d’avoir un Vrai impact sur notre Environnement. Pour l'instant cela impacte peu leur activité de travail….
Je reste persuadé qu’il en va de ma responsabilité que de faire avancer ces sujets mais je ne souhaite pas pour autant que les salariés les subissent. Je pense que cela va modifier les habitudes mais que cela ne changera pas fondamentalement leur travail. Cela n’impacte pas le fond de notre métier mais il est nécessaire de s’y atteler. Je vois ça comme une « nécessité douce » en quelques sortes…
Interview réalisé en juin 2020, par Eliette Darnaud, chargée de mission à l’Aract Auvergne-Rhône-Alpes dans le cadre des partenariats noués pour le projet « Passages - entreprises en transitions »
Cet article est un témoignage de chercheuses en ethnologie et en sociologie - Aurélie Javelle (SupAgro) et Hélène Brives (Isara) - qui observent depuis plusieurs années les transformations qui ont lieu chez les agriculteur.trices sur les questions environnementales.
Leur approche nous permet d’entrer dans la finesse de la transformation qui se produit chez l’agriculteur.trice dans son rapport à la nature et à son travail, mais aussi à leur environnement social et notamment entre les agriculteur.trices.
La question du « travailler avec », de « lâcher la maitrise de », tout en « développant les coopérations », en « s’appuyant sur le vivant » ouvrent des voies qui pourraient inspirer d’autres secteurs.
Le monde agricole est soumis à des bouleversements fondamentaux, notamment par rapport aux moyens de produire de façon plus respectueuse l’environnement. Dans certains cas, les remises en question sont subies de plein fouet, venant mettre à mal l’identité professionnelle du « good farmer » (Burton, 2004 ; Green & al., 2020) dont la compétence professionnelle se vérifiait en particulier par la maximisation des rendements[1]. D’autres remises en question sont revendiquées par des agriculteur.trices dits « alternatifs » qui défendent depuis plusieurs décennies des pratiques respectueuses de l’environnement pour des raisons sanitaires, écologiques ou sociales, mais aussi plus symboliques comme la lutte contre la main mise sur la nature d’un humain qui s’auto-exclue d’un monde qu’il se contente d’exploiter. Une multitude de situations intermédiaires existent entre ces deux extrêmes décrits ici à grands traits.
[1] on pense à l’emblématique club des 100 quintaux des producteurs de blé créé dans les années 80
Ces ruptures, subies ou recherchées, interrogent le métier d’agriculteur.ice, que ce soit en termes matériels comme plus métaphysiques.
- Les transformations s’accompagnent de questionnements autour des techniques qui peuvent amener l’agriculteur.trice à des investissements, des reconfigurations du système de production et de commercialisation, alors que la situation économique ne leur donne pas beaucoup de marges de manœuvre.
- Par ailleurs, certains explorent le statut de l’être humain et ses rapports à la nature. Façonnée dans un rapport au monde plaçant l’humain dans une posture de surplomb par rapport à une nature réifiée, l’agriculture moderne s’est développée après-guerre dans cette logique. L’humain se devait de contrôler fermement une nature-objet (ou nature-ressource) réduite à ses dimensions productives.
L’agriculture actuelle, notamment via l’agroécologie, redécouvre une nature capable d’actions positives sur les systèmes de production, fournissant une variété de services dits « écosystémiques » : séquestration de carbone, protection contre les maladies, filtration de l’eau dans les sols…
L’agroécologie repose sur l’idée de produire en valorisant les potentialités écologiques des écosystèmes. La nature doit alors être protégée (l’eau, la biodiversité), sollicitée (la micro-faune participant à la fertilité des sols), voire installée dans les champs (des abeilles pollinisatrices, des bandes enherbées, des arbres).
La vision de l’activité agricole passe alors de la "maîtrise de" à un "prendre soin de" la nature pour mieux travailler avec elle. Cette vision nous amène à considérer les éléments de nature comme capables d’intervenir dans les processus de production.
Produire avec les écosystèmes oblige ainsi à prendre en compte et donc à connaître leur diversité, leur singularité. Les savoirs mobilisés par les agriculteur.trices sont alors questionnés.
Depuis l’après-guerre, les agriculteur.trices ont été dans une situation où ils devaient appliquer des savoirs génériques produits par le monde scientifico-technique et diffusées selon un modèle descendant. Aujourd’hui, les savoirs « empiriques », « locaux », « paysans » sont réhabilités afin, de mieux coïncider avec les spécificités des lieux et afin de répondre aux enjeux soulevés par la singularité des agrosystèmes plus incertains donc plus risqués car moins étroitement contrôlés.
Valorisant un ancrage dans le territoire, ces connaissances peuvent se construire dans un partenariat avec les éléments de nature. Plutôt que strictement intellectuels, ces savoirs demandent une approche fine et sensible du milieu et se développent dans l’expérience, la pratique et l’observation.
Ces apprentissages sont difficiles car les éléments de nature ont des comportements beaucoup moins prévisibles, plus incertains que des intrants chimiques par exemple. Ces apprentissages sont marqués par des essais et des erreurs, des doutes et surtout un questionnement permanent sur la meilleure façon d’agir dans la situation singulière. Point de recette ici, de méthode standardisée, l’adaptation est permanente.
Les nouvelles générations d’agriculteur.ices font l’expérience, sur leurs exploitations, d’organisations très variées au sein de collectifs de travail profondément restructurés reposant moins qu’autrefois exclusivement sur la famille. La réalité des collectifs de travail agricoles s’est diversifiée en combinant, de manière temporaire ou permanente, relations familiales, salariales, associatives ou coopérations informelles entre exploitants (Hostiou, 2016). Cette créativité organisationnelle est marquée par d’importantes modifications du rapport au travail : maîtrise du travail, volonté d’autonomie (chez les agricultrices en particulier), et équilibre vie familiale-vie professionnelle deviennent essentiels (Dufour et Giraud, 2012).
Jeunes agriculteur.trices sont en recherche d’une certaine Qualité de Vie au Travail (QVT). Une enquête à l’échelle européenne montre que les jeunes générations attendent plus encore que les générations précédentes un travail qui soit source d’épanouissement (Méda, 2013). Elles accordent beaucoup d’importance au sens du travail (être utile à la société, aider les autres), aux relations dans le travail (l’ambiance de travail) et au fait que le travail soit apprenant. C’est un enjeu vital du secteur, que de réussir à redonner du sens aux métiers d’agriculteur.rice et à ce que la société reconnaisse ces métiers par une rétribution décente mais également de manière symbolique. Cela ne se fera pas sans une transition environnementale du secteur.
Hélène Brives est enseignante-chercheure en sociologie à l’Isara. Ses travaux de recherche actuels portent sur l’accompagnement des changements de pratiques des agriculteur.ices. dans une transition agro-écologique. Elle travaille en particulier sur deux sujets : les activités des personnes qui accompagnent les agriculteurs (conseillers, techniciens, animateurs, chercheurs…) & l’organisation du travail, les discussions autour de sa qualité, et la gouvernance au sein de collectifs d’agriculteur.ices dans une perspective de transition.
Aurélie Javelle est ethnologue à Montpellier Supagro. Elle s’intéresse aux relations que les agriculteur.trices entretiennent avec les éléments de nature. Un travail de terrain de plusieurs années dans les Cévennes lui a permis d’observer des pratiques développées en partenariat avec les éléments de nature, productifs ou non. Ce travail l’a également amenée à s’intéresser à la dimension corporelle des connaissances des agriculteurs.trices, acquises en inter-relations étroites avec les caractéristiques du milieu. Cela l’a amenée à se former à la sophrologie afin de s’approprier les bases d’une approche phénoménologique du vivant.
Témoignages d'entreprises
Fabrice Poncet, co-fondateur et co-dirigeant de la Fabrique
Anthony Barquisseau, dirigeant de Génaé Fitness club
Témoignages des acteurs de l'entreprise
Anne Le Corre - Printemps écologique, éco syndicat
Céline Ferrara - RONALPIA, incubateur d'entrepreneurs sociaux
Cyprien Lefebvre - IMPACT FRANCE
Témoignages des partenaires sociaux
Éric Chevée - vice-président CPME
Jean-François Naton - conseiller CESE - CGT
Le mot de Tristan
"Transitions socio-environnementale"... d'où cela vient-il, à quoi cela fait référence étymologiquement ? Qu'est ce qui conduit aujourd'hui à cette nécessité ? Sur quelle(s) histoire(s) cela repose t-il ? Quel chemin cela emprunte-t-il ? De quelle manière nouvelle cela interroge notre manière de faire ?
Des éléments de réponse avec les interventions de philosophie pratique de Tristan Bitsch
Des ressources pour aller plus loin
Au format Microsoft Excel, cet outil permet de prioriser ses domaines d’actions, d'identifier des domaines éventuellement non traités et les possibles freins ou ressources qui peuvent aider à la mobilisation collective et l’avancement d’un projet de transitions environnementales et de qualité de vie au travail. Il a été financé par le Fond pour l’amélioration des conditions de Travail.