Écologie et travail : cinq entreprises du Grand Est engagées
Réalisations et projets - Publié le 21 octobre 2025 - Modifié le 12 novembre 2025
Pourquoi écologie et travail sont étroitement liées ?
Lors de la consultation lancée par l’Anact en 2023, dans le cadre de la Semaine QVCT, 83% des répondants pensaient que la crise écologique allait impacter l’activité de leur structure et 81% estimaient que la transition écologique constituait un enjeu stratégique pour leur organisation.
La transition écologique en entreprise implique des enjeux profonds : décarbonation, évolution des métiers et adaptation des conditions de travail. Pour que leur projet écologique soit efficace, l’Aract Grand Est a accompagné ces entreprises pour leur permettre de concilier écologie, santé au travail et dialogue social.
Aline DRONNE-CARON, chargée de mission explique l'importance d'explorer le lien entre les questions écologiques et les organisations et les conditions de travail.
Penser le lien écologie-travail sur 3 volets d'actions
Ces trois volets doivent être articulés pour soutenir le projet écologique au sein de l’Entreprise.
Volet « actions primaires » : anticiper et agir sur l’organisation du travail
Ce volet vise à se concentrer avant tout sur les questions du travail. Il s’agit de repérer quels facteurs dans l’organisation du travail de l’entreprise vont être impactés par les questions écologiques. Les principaux thèmes de cette organisation sont par exemple : la charge de travail et sa répartition, les nouvelles activités et leur intégration dans l’organisation du travail, les rythmes et le temps de travail, les objectifs de production et de qualité, les relations professionnelles, les évolutions des compétences, etc.
Volet « actions secondaires » : s’adapter face aux risques
Ce volet cherche dans une situation de risque à donner aux salariés les moyens de faire face efficacement aux différents risques écologiques (liés à la transition énergétique, à des événements climatiques, à une crise sanitaire, etc.). Son objectif est de limiter les effets sur les organisations du travail.
Volet « actions tertiaires » : développer les écogestes[1].
Ce volet est centré sur ce qui est accessoire aux questions du travail et repose sur la responsabilisation des personnes. Seulement pour être efficace, il doit toujours être complété par des « actions primaires ».
Si ces actions sont utiles, elles sont probablement insuffisantes. Avec les prévisions scientifiques du Giec notamment, ce volet pourrait trouver rapidement des limites devant la multiplication de situations problèmes auxquelles les salariés devraient faire face.
[1] Source SOS Nature « Un écogeste se définit comme une action simple et consciente, réalisée dans le but de réduire son impact environnemental. (...) »
Outiller les représentants du personnel
L'Aract Grand Est a mené une recherche-action en collaboration avec la CFDT Grand Est (chimie-énergie et métallurgie) . Elle a mobilisé 40 élus via des entretiens collectifs en visioconférence, favorisant la discussion et la confrontation des points de vue.
La transition écologique n’est pas neutre pour le travail. Elle nécessite des outils, des repères et un renforcement du dialogue social pour accompagner une transition écologiquement efficace et socialement juste.
Trois constats majeurs émergent de cette recherche-action :
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La complexité du sujet freine son appropriation par les élus : ils manquent d’éléments techniques, de formation et de reconnaissance de leur rôle dans les transitions.
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Les conditions de travail sont peu ou mal intégrées dans les projets de transition : surcharge de travail, perte de sens, impact sur la santé.
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Le dialogue social est insuffisamment mobilisé alors qu’il pourrait être un levier d’anticipation et d’adaptation.
Pourquoi et comment les délégués syndicaux s'emparent de la transition écologique en entreprise. Témoignages de la CFDT Grand Est et de la CFDT Chimie-Energie de Lorraine.
Histoires d'entreprises
Des entreprises développant des projets écologiques avaient besoins d’appui afin de prendre en compte les conditions de travail des salariés dans leur démarche. L'Aract Grand Est a ainsi accompagné deux collectivités et trois industries.
Intégrer les enjeux écologiques dans le travail réel et son organisation
Cette collectivité Mosellane s’engage dans une transition écologique qui transforme en profondeur les pratiques de gestion des espaces verts et l’organisation du travail des services techniques. L’abandon des produits phytosanitaires, imposé par la loi Labbé, a conduit à une gestion différenciée des espaces, impliquant de nouveaux gestes professionnels, une adaptation aux aléas climatiques et une évolution des relations avec les habitants et élus.
Passer d’une friche commerciale à un espace de travail
Cette ville Meurthe et Mosellane s’est engagée dans un projet ambitieux associant transition écologique et amélioration des conditions de travail. Ce projet s’inscrit dans un contexte marqué par des crises successives (sanitaire, cyber, violences urbaines et incendies), qui ont fragilisé l’organisation municipale mais aussi stimulé une réflexion sur la résilience et la durabilité.
La transformation d’un ancien bâtiment commercial en un espace multifonctionnel et écoresponsable constitue un levier pour réduire l’empreinte carbone, repenser les espaces de travail et renforcer les coopérations internes.
Conjuguer la mesure de l’empreinte carbone aux questions du travail
Une Scop, du secteur de la métallurgie pour la fabrication de pièces de haute précision, est confrontée à de nouvelles obligations environnementales imposées par ses clients. L’entreprise a sollicité l’Aract Grand Est pour intégrer la mesure de l’empreinte carbone dans une réflexion plus large sur les conditions de travail. La transition écologique, loin d’être une simple contrainte réglementaire, est devenue un levier de performance sociale et environnementale.
La transition écologique n’est pas qu’un chiffre sur un bilan carbone, c’est aussi une question de santé au travail et de façon de travailler. On ne peut pas dissocier écologie et organisation du travail, les deux sont liés.
S’adapter rapidement pour faire face aux crises écologiques
Une entreprise, équipementier automobile de second rang, a connu en 2021 un contexte économique et organisationnel marqué par une intensification des activités. Entre crise sanitaire, inondations et besoins accrus de production pour des véhicules électriques, l’entreprise a dû s’adapter rapidement. Ce contexte a entraîné des pressions sur l’organisation du travail et sur les collectifs, tout en ouvrant des réflexions sur les conditions de travail et les enjeux environnementaux liés à l’activité industrielle.
Améliorer le cycle de vie du produit influe sur l’organisation du travail et les habiletés professionnelles
L’entreprise, acteur industriel de la fabrication de sols PVC, est engagée dans une démarche de transition écologique. Ce projet s’inscrit dans un contexte où les enjeux climatiques imposent aux entreprises de réduire leurs émissions et les déchets de production, d’économiser les ressources et de revoir leurs modes de production. Pour cette entreprise, cela passe notamment par le développement du recyclage interne des déchets de production grâce à un nouveau broyeur et à l’évolution des procédés de micronisation
Le changement de machines c’est surtout pour moderniser la production et produire plus, je ne sais pas si c’est vraiment pour aller vers la transition écologique.
Droit du travail et écologie
Que ce soit pour les représentants du personnel ou l'employeur, comment le droit du travail peut être un levier pour les entreprises engagée dans la transition écologique ?
Patrice ADAM est Directeur de l'Institut Régional du Travail de Nancy et Professeur à la Faculté de Droit de Nancy. Il nous éclaire sur la place du droit du travail dans la transition écologique.
A retenir
Télécharger le carnet d'interventions
Quand écologie et travail dialoguent : recueil de cas d’entreprises et des enseignements tirés des intervention menées par l'Aract Grand Est auprès d'entreprises développant des projets écologiques.