Comment associer les salariés à la construction d’un état des lieux QVCT ?
Réalisations et projets - Publié le 17 novembre 2023 - Modifié le 05 avril 2024
Qui ?
Créé en novembre 1979, cet établissement social et médico-social public est situé dans le département du Cantal. La structure accueille les personnes âgées de plus de 60 ans atteintes de pathologies invalidantes les empêchant d’accomplir les tâches de la vie quotidienne. Sa capacité d’accueil est de 33 personnes. L’ensemble des fonctions est assuré en interne, excepté le traitement du linge qui est externalisé. L’établissement employait au début de l’année 2019 (début de l’accompagnement) 22 personnes en équivalents temps plein. Concernant les instances représentatives du personnel, l'établissement dispose d’un comité technique d’établissement.
Quel était le problème à régler ?
La directrice de l’établissement a pris ses fonctions en septembre 2018. Avant son arrivée, la structure a fonctionné pendant plusieurs années avec une direction par intérim et à temps partiel qui gérait également un autre établissement de 25 équivalents temps plein, localisé en région Occitanie.
Un premier état des lieux réalisé en interne (octobre-novembre 2018) a mis en avant la nécessité de procéder à des changements au sein du premier établissement. Ce constat s’appuyait notamment sur les demandes que le personnel avait exprimé auprès du Comité Technique d’Établissement. Les changements à conduire portaient sur différents champs comme l’organisation du travail, la qualification et la formation du personnel, la concrétisation d’exigences réglementaires ou la communication interne, inter et intra équipes.
Si en 2018 la direction n’était pas confrontée à des indicateurs sociaux et de santé inquiétants, avec un nombre d’accidents du travail et de maladies professionnelles et un taux de turn-over faibles, elle pressentait cependant que les changements à venir pourraient être générateurs d’inquiétude et de perturbations dans la vie quotidienne des professionnels. De plus, un des objectifs des deux établissements qu’elle gérait était d’intensifier leur coopération. Cette demande venait tant des conseils d’administration respectifs que des autorités de tutelle (ARS Auvergne - Rhône-Alpes et le Conseil Départemental du Cantal d’une part, ARS Occitanie et le Conseil Départemental de la Lozère, d’autre part).
C’est dans ce contexte que fin 2028 la directrice a sollicité l’Aract Auvergne-Rhône-Alpes pour discuter les modalités d’un appui à la mise en œuvre d’une démarche de qualité de vie au travail (QVT) et de prévention des risques psychosociaux (RPS).
Qu'ont-ils fait ?
Début 2019, la direction souhaitait l’appui de l’Aract Auvergne-Rhône-Alpes pour accompagner le personnel de l’établissement dans la conduite des changements en cours et à venir. Cet appui, sous la forme d’une démarche QVCT, permettait de poser un état des lieux global et d’élaborer un plan d’action.
De plus, la direction souhaitait qu’un ou deux agents internes dits préventeurs soient formés notamment sur la prévention des risques psychosociaux. L’Aract a ainsi accompagné cet établissement sur une durée de 2 ans au total (mars 2019 à mai 2021), en raison de 2 changements de direction en 2 ans et de la crise sanitaire covid-19 (qui a bousculé le calendrier de la démarche).
La démarche d’accompagnement a comporté plusieurs étapes :
- Lancement de la démarche
- Réalisation d’un état des lieux sur la QVCT
- Priorisation et expérimentation d’actions de terrain
- Pérennisation de la démarche
Étape 1 : Initier et lancer la démarche
Un Comité QVCT paritaire et représentatif des métiers au sein de l’établissement a été constitué. 7 personnes ont intégré ce Comité QVCT et une première réunion a eu lieu en mars 2019. Ensuite, deux réunions (mars et mai 2019), animées par l’Aract Auvergne-Rhône-Alpes, ont permis de partager un cadre commun sur la QVCT et de poser une première définition de ce qu’est la QVCT au sein du deuxième établissement.
Étape 2 : Réaliser un état des lieux sur la QVCT
Les enjeux étaient multiples à ce stade-là de l’intervention : il s’agissait à la fois d’identifier les ressources et les voies de progrès de l’établissement en matière de QVCT, mais aussi de définir les modalités d'association du personnel à la construction de l’état des lieux. L’accompagnement a néanmoins connu un coup d’arrêt en juillet 2019 avec le départ de la directrice de l’établissement.
Un directeur par intérim a ensuite été nommé en septembre 2019, mais la démarche n'a pu véritablement redémarrer qu'à l'arrivée d'un nouveau directeur. Le Comité QVCT a donc pu de nouveau se réunir en juillet 2020. La volonté du nouveau directeur, à ce moment-là, était d’envisager un état des lieux global, couvrant à la fois le sujet de la QVCT, mais aussi des risques psychosociaux.
En effet, en l’absence de direction depuis près d’un an, les tensions dans les collectifs de travail s’étaient accentuées et l’absentéisme était en augmentation sur les derniers mois. Le choix du Comité QVCT s’est donc porté sur la réalisation d’une enquête par questionnaire, envoyée à tous les agents de l’établissement. Le questionnaire a été travaillé par les membres du Comité QVCT sur le second semestre 2020, et administré en version papier durant les mois de février-mars 2021. L’Aract Auvergne-Rhône-Alpes a appuyé l'établissement sur le traitement des réponses, et a animé une une réunion de restitution auprès Comité QVT en avril 2021.
Étape 3 : Priorisation et expérimentation d’actions de terrain
Plusieurs pistes ont été évoquées durant cette réunion de restitution pour améliorer la qualité de vie et des conditions de travail au sein de cet établissement :
- respect des congés annuels pour diminuer la fatigue et le stress accumulé,
- instauration de tableaux d’affichage pour améliorer la communication au sein de la maison de retraite, mise en place d’un suivi de la gestion corrective des accidents de service en Comité Technique d’Établissement (CTE),
- pratiques de mutualisations avec l’autre établissement pour permettre d’éliminer les tâches en doublon, faire gagner du temps et accentuer la cohésion d’équipe…
Autant d'actions de terrain intéressantes qu’il s’agissait de mettre en place à court, moyen et long terme.
Pour quels effets ?
L’accompagnement de l'établissement par l’Aract Auvergne-Rhône-Alpes à pris fin à l'issue de l’étape n°3 de la démarche : l’étape suivante (et finale) consistant à tirer les enseignements et à pérenniser les principes et modalités d’actions au sein de l’établissement n’a pas pu se faire… faute de temps mais aussi de changement de direction durant ces deux années d’intervention, qui ont malheureusement bouleversé les calendriers et les finalités de l’intervention de l’Aract.
Au final, les bases ont été posées et l’Aract a co-animé une ultime réunion en présence de l’ensemble du personnel de l’établissement au mois de mai 2021. L’objectif était de restituer, cette fois-ci à l'ensemble du personnel, les résultats de l’enquête conduite pour mettre de la cohérence avec les actions à mettre en place sur le terrain et les moyens dédiés à l’égard de celles-ci.
A l’issue de cette intervention, la question du pilotage d’une telle démarche se pose. En effet, initialement, cet accompagnement devait se dérouler sur une durée de 10-12 mois. Toutefois, le changement de direction et l’arrivée d’une direction par intérim ont rendu l’intervention plus longue mais aussi plus « chaotique » sur un plan méthodologique (est-on sur une démarche QVT ? Ou bien RPS ? Ou bien un peu des deux ?). La mise en place d’un binôme pilotant cette démarche (la direction + un représentant du personnel), qui plus est paritaire, aurait-il permis de maintenir une certaine dynamique et éviter ainsi un essoufflement de la démarche ? La question reste entière, mais mérite d’être posée…